
Reçu le : 27/03/2024, Accepté le : 29/04/2024, Publié le : 24/06/2024
Alain F. EKORONG Université de Douala, eko367@gmail.com
N°1 (2024): La catégorisation en Afrique coloniale et postcoloniale
Résumé
Le présent essai est une re/théorisation de la mémoire collective en situation postcoloniale à partir du théâtre de Léonora Miano. Il offre de repenser l’histoire en se fondant sur les imaginaires des lieux de l’oubli plutôt que des lieux de mémoire. En reprenant en son compte les hypothèses formulées dans le champ des memory studies, et considérant la manière dont le théâtre de Miano travaille l’histoire de l’esclavage, notre réflexion suggère de sortir de la dialectique hegelienne entre Erinnerung et Gedächtnis, souvenir et mémoire, pour poser le remembrement comme paradigme fondateur d’une Afrique dont l’identité est à nouveau révélatrice de son ipséité. Nous affirmons que ce qui est à l’œuvre dans le théâtre de Miano, c’est bien ce que Derrida (1995) appelle mal d’archive qui a vocation à faire estomper l’opposition entre mémoire-trace et conscience pour enfin considérer le passé comme lieu originaire (Derrida : 1995), lieu du clivage et lieu des oublis. Nous en concluons que le théâtre de Miano, en tant que lieu du trauma, constitue en dernière analyse un espace de possibilisation d’un futur africain stable, visible et objectable.
Mots clés : mémoire, histoire, passé, lieux de l’oubli, remembrement.
Abstract
This essay engages in a re-theorization of collective memory within a postcolonial context, drawing upon Léonora Miano’s drama. It proposes a reconsideration of historical narratives by exploring the concept of lieux de l’oubli (sites of oblivion) rather than Nora’s lieux de mémoire. By examining the theories put forth in the field of memory studies and analyzing how Miano’s theater addresses the history of slavery, our analysis suggests a departure from the traditional Hegelian dialectic of memory and remembrance in favor of positioning remembrance as the foundational paradigm for a resurgent African identity. We argue that Miano’s works embody what Derrida (1995) refers to as « mal d’archive, » a concept that challenges the dichotomy between memory-trace and consciousness to view the past as a lieu originaire, an anchoring point, a division, and an oblivion. Ultimately, we contend that Miano’s theater, as a locus of trauma, offers the potential for envisioning a coherent, visible, and objectable future for Africa.
Keywords: memory, history, past, sites of oblivion, remembering/remembrance.
Référence électronique
Ekorong Alain, « Recartographier la mémoire de l’esclavage : une esthétique des lieux de l’oubli dans Red in blue trilogie de Léonora Miano», Revue Africaine des Dynamiques contemporaines [en ligne], n°1 | 2024, mis en ligne le 01 juillet 2024. URL : https://radyc.org/