
Reçu le : 08/01/2024, Accepté le : 29/04/2024, Publié le : 24/06/2024
Palé Sié Innocent Romain YOUL
CNRST/INSS/Burkina Faso, romain.youlpale@inss.gov.bf & Moufoutaou ADJERAN
Université d’Abomey Calavi/Bénin, moufoutaou.adjeran@uac.bj
N°1 (2024): La catégorisation en Afrique coloniale et postcoloniale
Résumé
Ce travail traite des toponymes de la province de Ioba dans l’aire dagara. Il ressort des analyses que les toponymes sont francisés et leur usage sert de mémoire aussi bien administrative que collective autochtone conformément à la vision imposée par le colonisateur : effacement systématique de la culture autochtone et imposition de la « culture civilisatrice ». Ici donc, le toponyme fonctionne comme un indice administratif en toute ignorance de l’autochtonie, de l’appartenance locale sans attaches sociale et culturelle aucunes. En réalité, les différents éléments constitutifs de ces toponymes n’assignent pas seulement des contenus aux localités dénommées, ils expriment les relations que les différentes communautés qui y vivent entretiennent entre elles. L’ensemble des appellations toponymiques étaient attribuées et continuent de l’être selon des règles sociales strictes. Au vu des résultats obtenus à la lumière de la sociolinguistique et de l’ethnolinguistique, l’étude postule les variables sociales d’appréciation suivantes des toponymes en milieu dagara : les caractéristiques environnementales, les pratiques agricoles en corrélation avec l’environnement, les pratiques de constitution de réserve des produits agricoles, les conditions humaines qui se traduisent par le repos, la procréation et les luttes de conquête. Ils donnent les preuves intrinsèques de l’expression de la culture dagara, et sont constitutives de l’ontologie, de l’existence même de cette communauté.
Mots-clés : Burkina Faso, province de Ioba, francisation, toponymes, portées sociolinguistique et ethnolinguistique.
Abstact
This article looks at the toponyms in the province of Ioba in the Dagara area. The analyses show that toponyms are francized and their use serves as an administrative memory rather than a collective indigenous memory, in line with the vision imposed by the coloniser: the systematic erasure of indigenous culture and the imposition of the « civilising culture ». Here, then, the toponyms function as an administrative index, in total ignorance of autochthony, of local belonging with no social or cultural ties whatsoever. The various elements that make up these toponyms not only assign content to the named localities, but also express the relationships that the different communities living there have with each other. All toponyms were assigned and continue to be assigned according to strict social rules. In view of the results obtained in the light of sociolinguistics and ethnolinguistics, the study postulates the following social variables for assessing toponyms in the Dagara environment: environmental characteristics, agricultural practices correlated with the environment, practices for stockpiling agricultural produce, human conditions reflected in rest, procreation, and conquest struggles. They provide intrinsic evidence of the expression of Dagara culture and are constitutive of the ontology and very existence of this community.
Keywords: Burkina Faso, Ioba area, Francization, toponyms, sociolinguistic and ethnolinguistic scope.
Référence électronique Palé Sié Innocent Romain YOUL et Moufoutaou Adjeran. « Quelques toponymes de la province de Ioba. Éclairages sociolinguistique et ethnolinguistique», Revue Africaine des Dynamiques contemporaines [en ligne], n°1 | 2024, mis en ligne le le 01 juillet 2024. URL : https://radyc.org/